C’est essentiellement à James F. Moore et à Henry Chesbrough que l’on doit l’expression « open innovation ». Le deuxième est chercheur et professeur à Berkeley. Il explique et développe le concept dans plusieurs ouvrages dont trois principaux : « Open Innovation: The New Imperative for Creating and Profiting from Technology », « Open Services Innovation: Rethinking Your Business to Grow and Compete in a New Era », « Open Innovation: Researching a New Paradigm ». De quoi s’agit-il exactement ?
L’innovation pour tous
L’open innovation (littéralement, l’innovation ouverte) met pratiquement fin au règne de l’innovation fermée qui caractérisait le milieu de l’entrepreneuriat dans les années 70. Si dans l’innovation fermée, les innovations mises au point par l’entreprise sont tenues secrètes et sont exploitées uniquement par elle, dans l’open innovation par contre, les entreprises embrassent un esprit de partage : elles dévoilent leurs innovations aux autres professionnels pour qu’ils puissent également profiter des atouts et des mérites de celles-ci. Chaque entreprise se retrouve ainsi à exploiter aussi bien leurs propres innovations internes que celles provenant de l’extérieur de son écosystème d’affaires, c’est-à-dire, de partenaires, de fournisseurs et même de concurrents. L’open innovation a permis l’apparition de l’innovation collaborative. Il n’en demeure pas moins que ces innovations et leurs auteurs sont protégés par le droit de la propriété intellectuelle. Notez que l’open innovation n’est pas forcément gratuite, à la différence de l’open source. En effet, la mise à disposition des innovations aux autres professionnels peut se faire sous forme d’abonnement ou d’une prestation à facturer régulièrement. En quelque sorte, vous payez l’utilisation d’une licence ou d’un brevet d’exploitation. Avec l’open innovation, l’Intelligence économique s’enrichit d’une nouvelle arme.
Innovation et productivité
On le sait : l’innovation permet à une entreprise de résister à la concurrence et de supporter la compétition. Grâce à l’open innovation, l’entreprise ne se contente plus de déployer une résistance vigoureuse face à la concurrence. Elle annihile cette dernière. Ces innovations leur permettent d’augmenter encore plus leur productivité, de rationaliser davantage leurs dispositifs et leur organisation, de mieux réduire leurs coûts, d’améliorer la qualité de leur production… En somme, l’entreprise est plus performante. D’une manière générale, c’est grâce à la collaboration (l’essence même de l’open innovation) qu’une entreprise devient à même de relever efficacement le défi de la compétition propre au domaine entrepreneurial. Ce lien entre compétition et coopération, qui caractérise les effets de l’open innovation, est désigné par le terme « coopétition ».
L’open innovation et ses deux visages
L’open innovation comprend deux aspects baptisés inside-out et outside-in. Dans le premier, l’entreprise rend publiques ses innovations, très souvent en les monétisant. Autrement dit, les autres entreprises qui souhaitent les utiliser devront payer un prix à celles qui les ont mises en place : cette mise à disposition payante de l’innovation constitue un complément de chiffre d’affaires pour l’entreprise qui en a pris l’initiative. L’autre forme de monétisation est la création d’une joint-venture avec une autre entreprise dans le but de commercialiser les innovations sur un marché susceptible de s’y intéresser : les innovations vont donc constituer des produits à part entière de l’offre de l’entreprise. À ce titre, ces innovations seront développées, améliorées, perfectionnées. Enfin, l’outside-out consiste à mettre à profit au sein de l’entreprise les innovations d’autres entreprises.